Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/64

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Je demeurais alors rue du Plat-d’Étain.

La nuit était tellement profonde que je distinguais à peine ma maison.

Au moment où j’allais soulever le marteau de la porte, mes pieds heurtèrent contre un corps inanimé, étendu sur le seuil. Je me baissai, mes mains rencontrèrent une robe et une guitare ; — je me rappelai aussitôt une petite mendiante à qui je donnais souvent l’aumône, et qui m’avait frappé par la douceur de sa figure.

— Elle se sera évanouie, pensai-je ; le froid… la faim peut-être…

Et l’ayant chargée sur mes bras, je la montai jusque dans ma chambre où j’allumai un grand feu, qui nous était presque aussi nécessaire à l’un qu’à l’autre.

La chaleur la fit revenir à elle. Surprise de se trouver seule avec moi, à cette heure de la nuit, l’extrême rougeur remplaça sur ses traits l’extrême pâleur. Je la rassurai du mieux qu’il me fut possible, — et j’allai tirer de mon buffet quelques viandes froides, avec une bouteille de vin bourguignon. Ce petit repas établit la confiance entre nous ; — l’enfant