Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/81

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coupe-gorges autorisés par le lieutenant de police.

Un des plus misérables était celui vers lequel je me dirigeai. Il était situé rue du Chaume, et, comme tous les endroits de ce genre, il était tenu par une femme, la Cardonne, née d’une blanchisseuse aux casernes et d’un laquais du premier président d’Aligre. La compagnie était ordinairement composée de militaires, de provinciaux, d’espions et de gentilshommes de ma trempe ; ajoutez-y quelques jeunes filles galantes dont la mission était de couper et de verser à boire.

Lorsque j’entrai, il y avait trois tables en train : une de passe-dix, une de belle et une troisième de bouillotte. Je m’approchai : on jouait trop gros jeu pour moi, et je dus attendre qu’il se formât une quatrième table. Soucieux, j’allai m’asseoir sur une des banquettes qui garnissaient la salle.

Était-ce accablement physique ? était-ce fatigue morale ? ou bien subissais-je l’influence de cette atmosphère chargée d’haleines en feu et de parfums de liqueurs ? Peut-être pour ces trois causes je m’assoupis.

L’ennemi que redoutent le plus les hommes d’intelligence,