Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/80

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mais habitué à la voir tous les jours et peu habile à saisir les gradations de la maladie, je ne m’aperçus pas du ravage qui s’était opéré en elle depuis quelques heures.

Et je sortis.

Vous pensez bien que je n’avais pas le cœur au jeu.

Cependant, autrefois, on me renommait parmi les amateurs du biribi, du pharaon, du trente-et-quarante ; au Palais-Royal, maintes fois, j’avais fait la partie du comte de Genlis, et j’avais taillé chez l’ambassadeur de Venise ; — une nuit même, il m’arriva d’y gagner sept cents louis ; il est vrai que, le lendemain, j’en reperdis neuf cents dans une sorte de souterrain que le comte de Modène avait loué au Luxembourg, et où trois à quatre cents hommes de toutes conditions se pressaient en tumulte autour de plusieurs grandes tables de jeu. Au fait, vous m’eussiez trouvé incomplet, avouez-le, monsieur, si vous ne m’aviez point trouvé un peu joueur. Depuis quelques années, malheureusement, ma mauvaise fortune m’avait forcé de me rabattre sur des tripots de moindre étage, tels que ceux de la Lionnette, de la Dusaillant et de la Lacour, véritables