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LES RESSUSCITÉS

voilà qui se relève et qui resplendit d’une clarté inattendue. Aux événements vraiment glorieux, elle ajoute un peu de gloire ; aux vaincus elle prête une auréole : elle donne à tout le monde, elle n’ôte à personne ; et même ceux qu’elle accable injustement de ses rigueurs, elle ne les laisse pas tels qu’ils étaient avant qu’ils eussent supporté ses refus… Un refus de l’Académie est une distinction qui se compte, et c’est déjà un certain honneur d’en avoir été éconduit. »

Tout cela est fort bien, mais à une autre époque, M. Jules Janin n’aurait sans doute pas accepté la chose aussi patiemment ; l’âge amène la prudence et modifie les points de vue. À vrai dire, le refus de l’Académie n’était qu’un ajournement. Il arrive toujours une heure où il lui faut compter avec les gens d’esprit ; cette heure est plus ou moins tardive, selon que la polémique a tenu plus ou moins de place dans leur vie, comme chez M. Jules Janin. — Songez donc aux amours-propres, aux vanités, aux intérêts qu’il avait dû froisser, depuis plus de quarante ans qu’il s’escrimait de cette plume qu’il appelait un « outil léger, » en empruntant une image