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petits mémoires littéraires

» Deux heures et demie. — Il faut pourtant que je m’occupe des préparatifs. Je ne veux pas que le jour me retrouve là.

» Le genre de mort ne m’était pas indifférent. Je voulais me tirer un coup de pistolet dans le cœur c’était un mode facile et prompt. Je n’ai pas pu me procurer de pistolet.

» J’ai fait l’essai de la strangulation à la manière de Pichegru, et j’ai compris que cela était d’une exécution aisée.

» Je vais donc attacher ensemble plusieurs petits morceaux de bois. Je les ai rapportés l’année dernière de Montmorency, où j’étais allé avec mes enfants. Attachés ainsi, il auront plus de force. Je les passerai dans le nœud de mon mouchoir de cou et je tournerai tant que les forces me le permettront.

» Pour plus de certitude de réussite encore, j’attacherai fermement au haut de ma bibliothèque une cordelière que j’ai depuis longtemps ; j’y ferai un nœud coulant, que je me passerai au cou ; je chasserai la chaise qui sera sous mes pieds et je resterai enfin suspendu.

» La strangulation et la suspension doivent avoir infailliblement leur effet.

» Nous allons voir.

» Trois heures. — Le feu passe ; je suis contrarié.

» Je fais une remarque : c’est que les besoins de la nature sont plus fréquents depuis tantôt.

» J’entends le bruit des voitures des maraîchers qui vont à la Halle.

» Allons !

» Ô mes chères enfants ! vos douces figures sont devant moi et me troublent !

» Du courage !