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Page:Monselet - Petits mémoires littéraires, 1885.djvu/127

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petits mémoires littéraires

homme dans toute la vigueur de l’âge. La parole est vive, l’œil est franc ; il y a de la bonté dans sa bouche. Rien d’ailleurs qui trahisse la pose ou l’excentricité. Il a des relations partout, il connaît tout le monde ; il est complaisant, affable. En récompense, il a eu beaucoup de petites satisfactions d’amour-propre ; il en aura encore. Je le crois heureux.

Sa ville natale, Roubaix, lui a élevé un buste dans son hôtel de ville.

N’est-ce donc pas quelque chose ?


J’ai échangé en effet un coup d’épée avec Théodore Barrière, à la suite d’une altercation survenue à une première représentation à l’ancienne Gaîté du boulevard du Temple. Tout a été dit sur le caractère de Barrière ; je n’y reviendrai pas. Il croyait avoir à se plaindre de la sévérité d’un compte rendu que j’avais fait d’une de ses pièces les moins réussies, la Maison du pont Notre-Dame, et il prétendait m’interdire mon droit de critique à l’avenir.

Dès les premiers mots, la querelle avait pris un tour tel que le choix des armes devait revenir sans conteste à Théodore Barrière. Il constitua sur-le-champ ses témoins, qui étaient MM. Léon Sari et Cochinat. Moi, je courus dès le lendemain matin chez mes amis Albert de Lasalle et L’Herminier. Ainsi que je l’avais prévu, l’arme réclamée fut l’épée de combat, et le lieu de la rencontre fut fixé au bois de Meudon. J’employai le reste de ma journée à une visite prolongée au bon Grisier et à son prévôt Barrier, lesquels ne me dissimulèrent pas que ma force à l’escrime était au-dessous de la moyenne.