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petits mémoires littéraires

Chaque fois que les pudibonderies de quelques meneurs se réveillaient, M. Blanc ouvrait son portefeuille, — et ses munificences pleuvaient sous prétexte d’intérêt local.

Je ne parle pas des Monégasques ; ils étaient conquis dès la première heure.

Dans les questions d’art et d’élégance inséparables de ses entreprises, il s’était habitué à prendre pour conseil Mme Blanc, la plus excellente des femmes, qui, par sa grâce et par sa bonté, a souvent complété l’œuvre de son mari.

On comprend qu’avec ses immenses capitaux si parfaitement en vue, M. François Blanc ait passé une partie de sa vie à se défendre contre les convoitises.

Lui-même m’a raconté que chaque jour lui apportait en moyenne une centaine de demandes et d’offres (ce qui est absolument synonyme) : demandes de remboursement de la part des décavés, offres de combinaisons de la part des industriels et des inventeurs, menaces, supplications, tentations, — on reconnaît bien là le beau sexe ! — avertissements de suicides, avec indication exacte de l’heure et de l’endroit ; spécimens de journaux, dithyrambes poétiques, etc. etc.

On se souvient même, à Monte-Carlo, d’une tentative à main armée faite dans la villa Blanc, où deux domestiques furent grièvement blessés.

Si grande que fût la fortune du directeur du Casino, elle n’aurait pu suffire à tant d’exigences fantastiques.

Et cependant, que de misères secourues, réelles ou fictives ! — en argot commercial, on appelle cela du coulage ; en langue de tous les pays, cela s’appelle de la bienfaisance.