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tout : ce qui double la valeur de ces comédies, ce sont les notes extrêmement attachantes dont il les a accompagnées.

Les notes ! voilà le triomphe d’Édouard Fournier ! C’est dans les notes qu’il avait mis sa vie ! C’est pour les notes qu’il se levait si matin et qu’il se couchait si tard ! Qui ne l’a vu courir après ces notes à travers la bibliothèque de la rue Richelieu ? Victor Hugo, dans Notre-Dame de Paris, a dit de Quasimodo : « La cathédrale rugueuse était sa carapace. » On aurait pu dire également que la Bibliothèque était la carapace d’Édouard Fournier.

C’est cet amour des notes qui lui a inspiré l’Esprit des autres, l’Esprit dans l’Histoire, les Variétés historiques et littéraires, le Vieux-Neuf… — Le Vieux-Neuf ! Édouard Fournier est tout entier dans ce titre.

Encore des notes excellentes, ces études sur Regnard, Marivaux, Boileau, Beaumarchais, destinées à des éditions illustrées. Ce sont ses derniers travaux, je crois aussi que ce sont ses préférés.

Dans le classement, dans l’arrangement de ces innombrables matériaux, on lui aurait voulu un peu plus de ce qu’avait Charles Nodier : l’abandon, le tour aimable, un brin de rêverie et de flânerie. Il reste, quelque effort qu’il fasse, entre le journaliste et le professeur.

Avec moins de notes, Édouard Fournier aurait laissé un renom plus brillant. Ce sont les livres qui l’ont perdu, submergé. Il a vécu pour le compte des autres ; il aurait mieux fait de vivre un peu plus pour son propre compte. L’envie lui en prenait par bouffées ; il voulait créer à son tour. Le théâtre ; — en dehors des comédies d’anniversaire — le tentait fortement. Il a fait jouer à l’Odéon un Gutenberg en cinq actes et