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petits mémoires littéraires

étaient demeurés d’une noirceur invraisemblable. Par où a passé toute cette énergie révélée par son organisation, et si complètement dissimulée par son œuvre ?…


On a dit plaisamment d’Édouard Fournier qu’il savait tout et même davantage. Le fait est que son érudition était effrayante. Il devait être né sous un livre, — événement à la possibilité duquel sa petite taille permettait de croire.

Ce qu’il a publié de préfaces, de notices, d’avant-propos, d’introductions, de commentaires, etc., est incalculable. Ses premiers travaux visèrent Paris, qu’il avait commencé à étudier ; il écrivit tour à tour Paris démoli, les Chroniques des rues de Paris, les Énigmes des rues, l’Histoire du Pont-Neuf. Ce sont des volumes consciencieusement faits et remplis de trouvailles, qui continuent Sauval, Piganiol de la Force, Dulaure, — plutôt que Mercier.

Esprit précis, courant tout de suite aux dates et aux faits, Édouard Fournier ne se nourrit pas de philosophie, non plus que de description à outrance. On est certain d’apprendre quelque chose avec lui, mais ce n’est pas à rêver. Il eût donné le plus bel élan lyrique pour un clou de la mule du médecin Guéneau.

Édouard Fournier a beaucoup pratiqué les grands hommes du dix-septième siècle. Il les a célébrés dans trois pièces d’anniversaires qui ont survécu à la circonstance : Corneille à la gutte Saint-Roch, la Valise de Molière, Racine à Uzès. Il tournait le vers comme un homme qui en a considérablement lu. Mais disons