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CHAPITRE XXII

Croquis. — Nefftzer. — Musard fils. — Ponsard. — Un pastiche de Lucrèce.

Il allait par la ville rond et gros, la figure épanouie avec un air de jeunesse éternelle. Il portait crânement sur l’oreille un chapeau aux larges ailes. C’était Nefftzer.

Il sortait de son journal pour entrer dans une brasserie, ou sortait d’une brasserie pour entrer à son journal. Il était une des trois cents figures connues du boulevard. D’ailleurs, une nature complètement en dehors. Il vous disait bonjour avec éclat, parlait tout haut et riait à gorge déployée.

Sous ce masque d’un Rabelais d’Alsace, il y avait un homme d’étude et de réflexion. Nefftzer, de bonne heure, avait su faire deux parts de sa vie. Il avait commencé l’apprentissage du journalisme sous la rude direction de M. de Girardin, qui avait apprécié du premier coup d’œil ce caractère ouvert et loyal. Quoi qu’on ait pu dire de l’autocrate de la Presse,