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petits mémoires littéraires

ni maille, qui arrivent au bout de leur carrière les mains vides, l’estomac creux, — absolument comme au jour du départ. Son or servira à adoucir quelques douleurs dans le monde artistique, et cela suffira à préserver son nom de l’insulte.


S’appelait-il Francis ou François ? Il a signé de ces deux noms.

Peu d’auteurs ont été plus discutés que lui. Il a été porté aux nues par ses partisans, il a été conspué par ses adversaires.

Au temps de son arrivée à Paris, alors qu’au bras du fanatique Ricourt il allait lire ses tragédies de salon en salon, les petits journaux s’égayaient quotidiennement sur son compte.

On le traitait de provincial ; on raillait son air gauche.

Dans son roman des Aventures de Mademoiselle Mariette, Champfleury a mis Ponsard en scène sous les traits et le nom d’un « notaire de Compiègne ». Il a placé une scène amusante chez un bas-bleu où le susdit notaire avait annoncé qu’il lirait un poème antique imité d’Homère. Un peintre du nom de Streich s’était promis de lui jouer un tour à cette occasion.

« Le jour de la lecture du poème antique, Streich se précipita dans la cuisine et s’écria :

» — Vite ! vite ! une omelette ! votre maîtresse m’a prié de vous dire de la faire à la minute… On craint que la lecture ne puisse pas continuer s’il ne sent pas l’omelette !

» — Que le diable emporte cet auteur avec son omelette ! dit le chef.