Page:Monselet - Petits mémoires littéraires, 1885.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
petits mémoires littéraires

Entre l’élection et la réception de M. le duc de Noailles, il s’écoula onze grands mois, — pendant lesquels M. Patin eut tout le temps de préparer sa réponse et de s’entourer des documents relatifs au nouveau confrère que les événements lui envoyaient.

Il apprit ainsi que M. le duc Paul de Noailles était né le 4 janvier 1802, — qu’il avait poussé ses études jusqu’au bout au collège Stanislas, — et qu’entré ensuite dans les gardes du corps, compagnie de Noailles, il avait « porté le mousquet » à dix-neuf ans, et fait une partie de la campagne d’Espagne. Voilà pour l’adolescence.

À vingt-un ans, le jeune duc était pair de France. À vingt-trois, il recevait l’ordre de la Toison d’or, accordé héréditairement à la famille de Noailles par tous les souverains d’Espagne, en reconnaissance des services rendus par le maréchal de Noailles. Il faut ajouter à tous ces privilèges la faveur particulière, intime, de Charles X. Que de dons réunis sur cette jeune tête ! Quelle entrée éclatante dans la vie et dans le monde ! — M. Patin dut être ébloui…

De 1827 à 1830, le duc Paul de Noailles compléta son éducation par des voyages. Le bruit des journées de juillet le fit revenir ventre à terre à Paris. Il y arriva pour assister au renversement du trône, et il eut l’honneur de recevoir en son château de Maintenon le roi fugitif, sa famille et toute sa suite.

Ce château, qui tient une grande place dans la biographie du duc de Noailles, est un des plus beaux de France ; il est situé dans un admirable paysage, à côté d’un aqueduc aujourd’hui ruiné, qui passe à juste titre pour une merveille.

Après un court séjour à Rambouillet, où il vit se dissiper ses dernières espérances, Charle X, repre-