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CHAPITRE XXVII

Autre académicien. — Ernest-Wilfrid Legouvé.
— Un roman dans un pensionnat.

M. Ernest Legouvé a fait comme beaucoup d’autres : il a pris la suite des affaires de sou père, et il y a trouvé son compte. Ce n’est point un Noailles, mais c’est un Legouvé.

Son père écrivait des poèmes et des tragédies ; il écrit des tragédies et des poèmes. Son père célébrait les femmes ; il les déifie. Son père était académicien, il l’est également. Jamais homme ne fut plus complètement et plus consciencieusement recommencé. Jamais ressemblance entre un père et un fils ne fut poussée plus loin.

Legouvé père était riche, Legouvé fils est opulent. Legouvé père déclamait à ravir, Legouvé fils est un lecteur parfait. Legouvé père tenait table ouverte, Legouvé fils reçoit avec une urbanité incomparable.

Ce phénomène de continuation est d’autant plus surprenant que M. Ernest Legouvé n’a presque pas connu son père : il avait cinq ans lorsqu’il le perdit,