On envoya pendant quelque temps M. Rousset à Grenoble ; puis il fut rappelé à Paris pour occuper la chaire d’histoire au lycée Bonaparte. Jusqu’alors l’écrivain ne s’était manifesté que par un petit Précis de l’histoire de la Révolution et de l’Empire, publié en 1849 (Chamerot et Amyot, libraires) et sur lequel il n’y a pas à s’arrêter. M. Camille Rousset y disait dans quelques lignes d’avant-propos : « Si ce travail, qui n’est pas fait, je le déclare humblement, pour affronter la difficile épreuve du monde, venait à franchir les limites de nos collèges, je m’en alarmerais sans aucun doute pour mon amour-propre d’écrivain, nullement pour ma conscience d’honnête homme… Je n’ai consulté d’autres lois que celle de la morale, supérieure à toutes les constitutions comme à toutes les passions politiques. »
Son second essai date de 1853 ; il est intitulé : La grande Charte ou l’Établissement du régime constitutionnel en Angleterre (Hachette et Cie.) Toujours timide, M. Camille Rousset y avait ajouté cette indication : « Ouvrage revu par M. Guizot. »
Mais nous touchons au moment où la volonté sérieuse allait le prendre d’employer ses facultés à une œuvre importante. Il avait jeté ses regards sur le règne de Louis XIV et, dans ce règne, sur la figure complexe de ce ministre actif, guerroyant, brutal, dur, rusé, habile, ambitieux pour deux, pour son maître et pour lui, et même pour trois, en comprenant la France ; homme de tempérament et homme d’étude ; nature richement douée, audacieuse et artificieuse, propre à l’entreprise et à l’organisation ; caractère d’une noblesse particulière, voyant loin plutôt que haut. En soumettant le long ministère de Louvois à un scrupuleux examen, M. Camille Rousset s’était