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petits mémoires littéraires

L’Histoire de Louvois arrête longtemps M. d’Haussonville, qui ne lui marchande pas les compliments.

Il est vrai qu’après cet accès d’une bienveillance qui s’étend aux gouvernants d’alors, M. d’Haussonville se sent assailli par les souvenirs des dragonnades du Poitou et des incendies du Palatinat. Il ne peut s’empêcher de protester et même de conclure en termes inattendus et fort sévères : « Ce sont là de lourds souvenirs à porter devant la postérité. Aussi longtemps que la voix de la justice et de l’humanité trouvera de l’écho dans le cœur de l’homme, ils pèseront cruellement sur la mémoire de Louis XIV et de Louvois. C’est pourquoi les esprits convaincus qui voudraient persuader à la France moderne de renouer le fil tant de fois coupé de ses anciennes traditions agiront sagement en laissant exprès dans l’ombre ces deux personnages, que vos écrits ne contribueront pas à rendre plus populaires, justement parce qu’ils les font mieux connaître. »

N’avais-je pas raison de dire qu’il y avait un accent étrange dans cette conclusion ? Inviter certains partis à laisser dans l’ombre Louis XIV et Louvois, cela est assurément fort bien, mais cela ne manque pas d’étonner sur le moment…

Depuis son entrée dans la docte assemblée, M. Camille Rousset est devenu, comme on l’espérait, un de ses membres les plus assidus, car l’Académie française a des occupations intérieures qui exigent un zèle tout spécial. En même temps, nous savons de source certaine qu’il continue ses travaux, dont l’ensemble, — aujourd’hui démasqué, — embrassera un historique complet de nos institutions militaires depuis deux siècles.

Attendons-nous donc encore à des matériaux pré-