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Page:Monselet - Petits mémoires littéraires, 1885.djvu/341

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petits mémoires littéraires

ami Eugène de Stadier, tantôt avec Auguste de Chatillon.

Hélas ! pourquoi le hasard voulut-il que Chatillon ne se trouvât pas avec lui cette nuit-là ! « Soutiens-moi, Chatillon ! »

Ce qui se passa dans ce houge, nul n’en a jamais rien appris.

Les hôtes de céans, interrogés, hommes et femmes, prétendent n’avoir pas ouvert à Gérard ; mais il y a contradiction sur ce point. Des rumeurs du quartier laissent croire qu’il a été accueilli, mais très mal reçu ; ses discours incohérents auraient excité la méfiance, et il aurait été jeté dehors…

Pourquoi n’aurait-il pas été, en même temps, dévalisé ?

Il a été trouvé vêtu d’un simple habit, — par une nuit d’hiver ! et des plus froides !

Si grande que fût sa distraction, l’eût-il poussée au point de s’aventurer dans les rues sans paletot ?

Et puis enfin, ce cordon, ce cordon de tablier serré autour de son cou !

Pourquoi Gérard de Nerval se serait-il pendu ?

Il était fou, c’est vrai, mais il tenait énormément à la vie, comme beaucoup de fous. Il s’y était arrangé des petits coins, des petites habitudes, des petits voyages, des petits plaisirs.

Et puis, comme je l’ai dit, il avait mis sa folie « en coupe réglée » ; il en faisait des articles très agréables, comme ses Juvenilia.

L’argent ne lui manquait pas ; il en avait autant qu’il en demandait à la Revue de Paris. L’Illustration lui devait une centaine de francs au jour de sa mort.

La mort ! Mais c’était son épouvantail ; il ne fallait pas lui en parler ; il en avait horreur, à cause de la mise en scène.