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petits mémoires littéraires

plus gracieux accord de syllabes ! S’appeler Papillon de la Ferlé et mourir… dans le sein d’une rose !

Puis vinrent Habeneck, Lubbert, le docteur Véron.

Arrêtons-nous un instant à celui-ci. C’est le plus étonnant assurément. Il a laissé de sa direction à l’Opéra un récit qui est un monument d’ingénuité cynique ! Rien de drôle comme ses relations avec ses sujets du chant et de la danse.

« Je m’aperçois qu’une jeune figurante se trouvait dans une position intéressante. Je l’engageai à suspendre son service, et je lui dis : « Quel est donc le père de cet enfant ? » Cette pauvre fille me répondit naïvement : « C’est des messieurs que vous ne connaissez pas. »

Quelques lignes plus loin, le docteur ajoute comme correctif : « Sous ma direction, j’ai toujours vu les jeunes gens ou les vieillards qui forment la clientèle du corps de ballet se montrer généreux envers celles dont ils avaient obtenu la défaite. »

Obtenu la défaite ! Joseph Prud’homme ne s’exprimerait pas autrement.

Une autre fois, c’est le vieux Vestris, répétiteur de la danse, qui, lui supposant du goût pour une de ses élèves, accourt discrètement, les pieds en dehors, la pochette à la main, et lui dit à l’oreille : « Elle est là sans sa mère ! »

Les révélations qu’on doit à M. Véron sur les habitués des coulisses de l’Opéra sont du dernier croustillant.

Témoin ce tableau… de genre :

« Les uns sont les amis de toutes ces dames, les embrassent toutes en père de famille ou en frère ; de là, des groupes assez pittoresques et assez osés. Là,