CHAPITRE XLI
La réaction qui se produit actuellement en faveur d’Hector Berlioz n’a rien qui m’étonne. Toutes les réactions sont prévues, et celle-ci devait avoir son heure. J’en suis content jusqu’à un certain point.
Il s’agit d’un musicien que l’on qualifie généralement d’original, et que je suis plus particulièrement tenté de qualifier de romantique. Il y a une nuance. Par son âge, par son éducation, par ses attaches, Hector Berlioz appartient corps et âme au mouvement littéraire de 1830. Il a son pareil en peinture dans Eugène Delacroix. Orageux, fiévreux, coloriste jusqu’à l’outrance, il a cherché, comme Delacroix, ses motifs d’inspiration dans les chefs-d’œuvre étrangers, dans Shakspeare, dans Goëthe, dans lord Byron.
Berlioz composa sa cantate de Sardanapale pendant qu’Eugène Delacroix écrasait sur sa toile les métaux embrasés et les esclaves nues qu’il faisait servir