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petits mémoires littéraires

Le lendemain matin, le petit bossu quittait Bade par le premier train du chemin de fer.

Et Méry continua de perdre au jeu, comme par le passé.


La ville de Boulogne-sur-Mer a fait une bonne et juste action : elle a donné à l’une de ses rues le nom de Jules Lecomte, un de ses enfants. Jules Lecomte n’est certainement pas un écrivain du premier ordre, mais il fut un des créateurs de la chronique parisienne, cette chose devenue indispensable aux lecteurs d’aujourd’hui. Il avait une imagination intarissable, une mémoire prodigieuse, un esprit essentiellement français. Il a donné des preuves de tous ces dons dans l’Indépendance belge et dans le Monde illustré, deux journaux à la fortune desquels il a puissamment contribué.

Lors de sa première manière (il avait commencé à écrire de très bonne heure), Jules Lecomte avait donné dans le roman maritime, qu’Eugène Sue et Édouard Corbière venaient de mettre à la mode. Il publia à vingt et un ans l’Abordage, qu’il faisait suivre bientôt de l’Île de la Tortue, de Bras de Fer, du Capitaine Sabord, de la Femme pirate, etc. etc., tous livres qui portent la marque excessivement colorée de la période romantique. Il était en train de faire son chemin parmi les romanciers, et son nom était déjà» célèbre dans les cabinets de lecture, lorsqu’un incident aussi néfaste qu’imprévu vint brusquement interrompre sa carrière.

Jules Lecomte était jeune, il fut étourdi ; il le fut jusqu’à l’excès, jusqu’à la faute. Je ne suis pas ici pour rien