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petits mémoires littéraires

doublé d’un écrivain. Van den Zande avait la conscience chargée d’un assez grand nombre de vers ; c’étaient, pour la plupart, des contes égrillards comme on n’en fait plus à présent ; cela donne la date et la mesure de son esprit. Il en avait publié un recueil intitulé : Fanfreluches poétiques (Paris, Didot, 1845, grand in-16, tiré à cent exemplaires). Épicurien renforcé, malgré ses rhumatismes, Van den Zande réunissait à sa table chaque dimanche des personnes de son âge et de son acabit.

François Grille avait, lui aussi, rempli des emplois importants ; pendant une assez longue période d’années il avait été chargé des beaux-arts au ministère de l’intérieur. Il y avait vu passer beaucoup de monde, et il avait retenu au passage bon nombre de petits billets et de grandes lettres signés de noms plus ou moins illustres, qu’il tria plus tard et qu’il imprima sous les titres sans prétention de Miettes, de Bric-à-Brac, de la Fleur des Pois, d’Autographes mis aux vents, etc. etc.

Il y en a comme cela sept ou huit volumes environ, pleins de faitâ amusants, et accompagnés de petites notes aiguës, malicieuses, de biographies en cinquante lignes où il y a toujours quelque chose à prendre. Rendu à la vie privée, Grille se retira en famille dans une campagne, à l’Étang, au-dessus de Bougival, d’où presque toute sa correspondance est datée ; — et Dieu sait si le digne homme écrivait ! on en jugera tout à l’heure. Il venait de temps en temps à Paris, et ses visites étaient alors pour les libraires, principalement pour Techener, comme je l’ai dit.

Croirait-on que Van den Zande et François Grille ne s’étaient jamais rencontrés dans leur milieu favori, non plus qu’en aucun autre endroit ? Ils désiraient pourtant se connaître. Ils avaient des amis communs,