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CHAPITRE PREMIER

Une lecture au Quartier Latin. — Henry Murger et Théodore Barrière. — Je tue Mimi. — Les Vieux de la Vieille, de Théophile Gautier. — Rencontre avec Balzac.

Le premier nom qui se présente sous ma plume est celui d’Henry Murger, de cet être aimable et doux dont le séjour sur la terre a été de si courte durée.

On aperçoit Murger à quelque distance d’Alfred de Musset. C’est la même finesse de détails et la même élégance dans un milieu plus humble. Spécialistes d’amour tous les deux.

La vie a été rude pour lui du premier jour jusqu’au dernier. Sa seule arme de lutte a été l’esprit. Il s’est bien défendu ; — peut-être eût-il mieux fait d’attaquer.

J’avais vingt-deux ans et lui vingt-quatre, lorsque nous nous liâmes d’une amitié que rien ne devait jamais altérer ni troubler.

Henry Murger entra un dimanche matin chez moi, dans la chambre d’hôtel que j’occupais orgueilleuse-