Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/13

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chanter plus tard : Amis, secondez ma vaillance !

Un jour, il rencontra Benjamin Constant qui lui rit au nez. — M. de Jouy faillit se fâcher, & lui demanda sérieusement si ce nouveau costume ne lui allait pas aussi bien qu’à tout autre. Et, à ce sujet, il le pria d’écouter un instant ce petit morceau d’éloquence sur les affaires intérieures, & puis cet autre aussi sur nos relations avec le cabinet de Londres. & quand M. de Jouy eut fini, il n’attendit pas que Benjamin Constant lui eût répondu pour lui dire son avis, il s’en alla tout droit faire imprimer ses deux articles. — Ces poëtes sont tous ainsi. Il leur faut absolument la politique pour baisser de rideau.

M. de Jouy fut un des derniers voltairiens, — un voltairien paisible & inoffensif toutefois, le Voltaire du Temple du Goût & de la tragédie de Tancrède, un Voltaire fort présentable, comme vous voyez, & qui n’a jamais eu maille à partir avec les lettres de cachet, — ce qui ne l’empêcha pas d’être un enragé de modéré, lui aussi, en ce sens que nul n’est resté plus tenace dans son principe, plus ardent dans sa conviction, plus ferme dans son chemin. Je parle du Jouy littéraire. — Le Jouy politique, c’est autre chose. Une croix de Saint-Louis qu’on lui refusa