Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous nous imaginons qu’à cet endroit l’ami religieux a dû légèrement froncer le sourcil. Ourliac continue :

« J’ai vu une petite annonce des Contes. Sachez si le libraire est content ; mandez-moi aussi le peu que vous pourrez voir dans les journaux. J’attends surtout votre article… Je m’excuse de vous paraître si âpre à cette littérature. C’est mon gagne-pain, & que sais-je encore toutes les bonnes raisons que pourrait me souffler la vanité de mon métier misérable & tant aimé ! Il faut la mettre un peu en dehors, de peur qu’elle ne nous dévore en dedans. Laissez-moi donc être un peu ridicule. Je ne le suis aux yeux de personne autant qu’aux miens propres. Je ne me lasse point d’admirer ceci : on écrit une misère qui n’est rien, qui ne vaut rien, on n’en est pas content, on le dit, on le pense, mais l’on s’en inquiète, & l’on veut qu’elle soit approuvée, comme si le public était obligé d’être plus sot que vous. J’ai beau gratter la plaie, je doute qu’on la guérisse. »

C’est bien dit, c’est simple, c’est touchant. Il parlait de ses Contes du Bocage, qui venaient alors de paraître. Ce livre força en quelque sorte le succès par les sentiments élevés qui y dominent. Il le fit suivre de Nouvelles diverses ; mais ce recueil qui, par sa forme enjouée, s’adressait plus directement à la foule, n’y arriva cependant point. Personne n’en parla dans la presse ;