Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/30

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me de bourgeois, et en récitant ironiquement devant son miroir des fragments de la Henriade.

Puis, après ces affreux blasphèmes, il avait soufflé sur la tête de mort dans l’intérieur de laquelle il avait coutume de placer sa bougie, — et il s’était endormi en invoquant le cauchemar.

À ce moment, la maison fut ébranlée par plusieurs coups de marteau. Une voiture venait de s’arrêter devant la porte ; un homme en descendit, qui se fit indiquer la chambre de Lassailly, voisine des étoiles, et qui y monta malgré l’heure indue.

Deux laquais en livrée le précédaient, porteurs d’étincelants flambeaux.

Aux lueurs féeriques qui se répandirent par le trou de la serrure, et aux bruits de voix qui remplissaient l’escalier, Lassailly se réveilla en sursaut et chercha convulsivement sous l’oreiller son poignard malais, tordu en flamme.

— Ouvrez, lui cria-t-on.

— Qui est là ?

— M. de Balzac.

À ce nom, qui était alors aussi glorieux qu’aujourd’hui, Lassailly s’empressa de revêtir le pantalon de molleton, mi-partie rouge et vert, qui lui donnait l’aspect du plus osseux figurant des théâtres du boulevard.