Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/31

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Après quoi, il alla ouvrir.

C’était bien M. de Balzac, en effet, avec son chapeau aux bords retroussés, sa grosse canne enrichie de turquoises & ornée d’énormes glands. Il était jeune ; ses cheveux étaient d’un beau noir : ses yeux, sa bouche avaient cette ardente & heureuse vivacité qui montraient son génie entier. Un peu d’embonpoint ne lui nuisait pas.

En ce temps-là, — temps bien éloigné de nous déjà ! — M. de Balzac était non-seulement le premier, mais encore le plus fécond de nos romanciers.

Il avait besoin d’un collaborateur pour remplir divers engagements pris trop précipitamment avec ses éditeurs, & il avait jeté ses vues sur Lassailly, dont le talent était inconteſtable, quoique singulier & surtout peu pratique.

M. de Balzac expliqua en peu de mots à Lassailly ses intentions, &, sans lui laisser le temps de répondre, il l’entraîna jusqu’à sa voiture. Les deux laquais soufflèrent sur les flambeaux & les mirent dans leurs poches.

Le cocher fouetta vers les Jardies.

Les Jardies sont, comme on le sait, situées à Ville-d’Avray, sur un petit versant. Il ne faut pas croire à toutes les farces que l’on a émises sur leur conſtruction. C’eſt une maison char-,