Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/7

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de toutes nos célébrités. Vous y trouverez une perruque.

Seulement, la perruque de M. de Jouy était une perruque véritable. C’était la perruque de Talma ; — à peine deux ou trois mèches qui, tombant plates & noires sur le front du comédien, lui donnaient une vague ressemblance avec l’empereur. Rien qu’avec cette perruque, M. de Jouy & Talma ont épouvanté tout Paris.

Il est vrai que c’était la première fois qu’on osait rappeler cette grande figure. À cette époque, l’empereur était encore chose neuve & soudaine. M. de Jouy eut la gloire d’être le premier à déshabiller cette ombre auguste, & son exemple ne tarda pas à être suivi de toutes parts.

M. de Jouy a surtout été un homme, — & un talent — de circonstance. Il fut tour à tour le seul & le premier, deux grands mérites. Le seul prudent sous l’Empire, le premier hardi sous la R estauration. Il a cultivé tour à tour l’à-propos innocent dans le tableau des Sabines & Tippo-Saëb, & l’à-propos séditieux dans Bélisaire & Sylla. & quand il n’y eut plus hommes ni choses à exploiter, il en vint à se mettre lui-même en exploitation, lui & son succès. De même qu’avec une bouteille d’eau de Cologne il y a des gens qui ont l’art de faire quinze bou-