Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/6

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Tous les deux enfin ont mis au monde un Bélisaire. — Trouvez-moi l’exemple d’une plus frappante analogie.

Il y a comme cela un homme qui se perpétue à travers tous les siècles, — un beau masque, je te connais, qui revient tous les cinquante ans avec un habit neuf, — un même académicien qui occupe sans cesse le même fauteuil, — un auteur qui n’est éternellement occupé qu’à se dédoubler & à se tirer à plusieurs exemplaires. Au xviie siècle, ce personnage s’appelait Quinault, au xviiie Marmontel, au xixe M. de Jouy. Chacun d’eux n’a jamais été que l’édition revue & corrigée de son prédécesseur. Ouvrez le volume : il n’y a de changé que la reliure ; hier en veau, aujourd’hui en maroquin. Barbin & Panckoucke remplacés par Didot. Quant au texte, c’esttoujours le même, avec cette différence seulement que l’anneau royal d’Adraste est devenu l’aspic de Cléopâtre, — qui lui-même est devenu la perruque de Sylla.

Ce fut une perruque qui fit la réputation de M. de Jouy. — Mais qui n’a pas eu sa perruque, au temps où nous sommes ? La perruque de Liszt, n’est-ce pas un peu son sabre d’honneur ? La perruque de George Sand, n’est-ce pas un peu son pantalon ? Cherchez bien au fond