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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/335

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Ovide, qui ne doutait jamais de rien, se rendit boulevard d’Enfer et alla droit au cabinet du directeur de l’hospice.

« Monsieur, dit Soliveau, je viens vous prier de m’apprendre ce qu’est devenue une petite fille déposée dans cet hospice il y a vingt et un ans. »

En tirant de son portefeuille le procès-verbal portant la signature de l’ex-maire de Joigny, il poursuivit :

« Je viens m’informer d’une enfant déposée ici le 6 avril 1862, ainsi que cela résulte de la déclaration officielle que j’ai l’honneur de mettre sous vos yeux.

– Peut-être est-elle morte. Quoi qu’il en soit, vous serez fixé. »

D’une main ferme et rapide, le directeur avait tracé quelques mots sur une feuille de papier. Il tendit cette feuille à un garçon de bureau et lui dit :

« Ceci à l’employé des archives. Rapportez-moi la réponse. »

Le garçon de bureau reparut, apportant un volumineux registre. Le directeur chercha la date inscrite sur le procès-verbal de Joigny. Arrivé à cette date, il s’arrêta.

« La petite fille apportée le 6 avril 1862, dit-il, est inscrite sous le numéro matricule 9. »

Ovide sut maîtriser sa joie. Lucie, l’ouvrière de Mme Augustine ; Lucie, la rivale de Mary Harmant ; Lucie, la fiancée de Lucien Labroue, était bien la fille de Jeanne Fortier, l’évadée de Clermont.

À cinq heures du soir, Paul Harmant vint trouver Ovide, avenue de Clichy, et celui-ci lui fit part de sa découverte.

« Enfin ! s’écria le millionnaire. Nous verrons si Lucien Labroue songe encore à épouser cette fille. »