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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/387

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« Non, non, pensait-elle, il ne m’échappera pas. Lorsque j’aurai la certitude qu’il a tenté de m’empoisonner et qu’il a voulu tuer Lucie, je me vengerai ! »

* * *

En sortant de la villa des Mûriers, Ovide aperçut, à quelque distance en avant, le docteur Richard en compagnie de l’octogénaire avec lequel il l’avait déjà vu. La femme âgée et les deux jeunes filles complétaient le groupe. Ovide salua le docteur Richard qui lui rendit froidement son salut.

Ovide avait à peine dépassé le petit groupe quand il entendit une exclamation. Il se retourna, vit un chapeau de paille rouler à terre, le saisit et revint le présenter au vieillard :

« Ceci est à vous, monsieur ?

– Vous êtes trop aimable, monsieur, dit René Bosc, les yeux fixés sur le visage du Dijonnais, et je vous… »

Il n’acheva point. Sa figure s’était altérée brusquement.

« Ah ! vous êtes ici ! s’écria-t-il en reculant d’un pas. Vous avez donc quitté l’Amérique ?

– Vos traits ne me sont point inconnus, monsieur, répliqua Soliveau ; mais je cherche vainement…

– J’étais à bord de Lord-Maire avec vous en 1861. Et, si vous ne vous souvenez point de moi, je me souviens de vous. Je me nomme René Bosc. »

Puis, sans ajouter un mot, il tourna le dos au pseudo-baron de Reiss, qui devint très pâle et s’éloigna rapidement.

« Vous connaissez cet homme ? demanda le médecin.

– Oui, je vous raconterai cela tout à l’heure. »

Ovide, en se dirigeant à grands pas vers la gare, pensait :

« Ce ci-devant policier est à Bois-le-Roi et lié avec le docteur Richard. Il ne fait pas bon ici pour moi ! »

Arrivé à la gare, il jeta dans la boîte la lettre dont il était le porteur, et envoya cette dépêche :

« Paul Harmant, industriel, Courbevoie (Seine).

« Je retourne à Paris demain.

« BARON DE REISS. »