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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/90

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un siège.

D’une voix contenue l’abbé Laugier commença :

« Dans la nuit d’avant-hier à hier, un triple crime à été commis à Alfortville. L’importante usine de l’ingénieur Jules Labroue n’existe plus. L’incendie allumé par une main criminelle n’a laissé que des ruines, et l’ingénieur lui-même, revenant de voyage à l’improviste au milieu de la nuit, a été assassiné par l’incendiaire surpris en flagrant délit de vol.

« L’ingénieur Labroue n’est point la seule victime. Le contremaître Jacques Garaud a trouvé la mort en essayant d’opérer le sauvetage de la caisse.

« L’usine était gardée la nuit par une femme, Jeanne Fortier.

« Tout désigne cette femme comme ayant commis ce triple crime pour se venger de son renvoi décidé deux jours auparavant. La misérable créature s’est enfuie avec son enfant.

« Voici son signalement : « Vingt-six ans, taille un peu au-dessus de la moyenne, très bien proportionnée. Chevelure abondante d’un blond fauve, traits réguliers, grands yeux d’un bleu foncé, pâleur mate, allure décidée. Jeanne Fortier est accompagnée d’un enfant de trois ans et demi. »

Clarisse et Étienne Castel avaient écouté avec une anxiété croissante. Quand l’abbé eut achevé, Mme Darier s’écria :

« Mais c’est le portrait de la femme recueillie par nous ! Cet enfant de trois ans et demi… Cette fatigue… La malheureuse fuyait le théâtre de ses crimes !

– Silence, ma sœur, dit le curé. Cette femme est ici sous mon toit… si elle est coupable, nous le saurons.

– Et alors, tu la livreras…

– Je ne la dénoncerai pas. Je laisserai à la justice le soin de la trouver. »

Brigitte vint annoncer que le déjeuner était servi.

« Et cette femme ?… et cet enfant ? demanda le prêtre.

– Je les ai réveillés, monsieur le curé, et j’ai mis leurs couverts à côté du mien, dans la cuisine…

– Vous avez bien fait. Après le déjeuner, je les verrai. »