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Page:Montaiglon - Recueil de poésies françoises des 15e et 16e siècles, tome XI.djvu/19

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d’Amours

Qui point n’estoit priée, lorde[1] et salle,
Feist l’assemblée en la fin doloureuse
D’une pomme qu’elle gecta en salle.


La pomme d’or, que gecta par cautelle
Discorde, ainsi que tous plaisirs, abat
Pour la donner à celle qui plus belle
Seroit tenue, affin que aucun débat
Sordist[2] entre eulx, dont Jupiter, tout plat,
Dist que du cas d’en jugier n’avoit cure,
Et que à Paris les Déesses menast,
Pour en jugier, le noble Dieu Mercure.


Il [3] les mena, et, quant furent venus
Devers Pâris, ilz contèrent leur cas
L’une après l’autre, et, nonobstant, Vénus
Eut la pomme, car[4] Juno ne l’eut pas;
Aussi n’eut point la déesse Palas;
Pour[5] promesses que à Paris peussent[6] faire
Touchant force, richesses, ne solas [7] ;
A la plus belle il voulut satisfaire [8].


Et quant Vénus eut la pomme par don,
Que luy en feist [9] Pâris, sans longs séjours,
Elle donna à Pâris [10] pour guerdon [11]

  1. B C : lourde. — Cotgrave donne encore lordault ,
    lorderie, à côté de lourdault et lourderie.
  2. Le poète dit sordist, au lieu de sourdist, de même qu’il préfère lorde à lourde et solas à soulas.
  3. B : Ilz.
  4. B c : et.
  5. B C : Par.
  6. B C : sceussent.
  7. B C : soulas. Ce mot, qui correspond au latin solatium, « consolation, plaisir, réjouissance », s’est conservé dans la langue poétique anglaise : solace.
  8. A : satifaire.
  9. B C : fait.
  10. B : par
  11. Récompense