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fabliau v

Donez congié à vostre père,
Que, foi que doi l’ame ma mère,
Je ne mengerai mes des denz
230Tant com je le saurai céenz,
Ainz vueil que li donez congié.
— Dame, fet-il, si ferai-gié. »
Cil, qui sa fame doute et crient,
Maintenant à son père vient ;
235Se li a dit isnelement:
« Pères, pères, alez vous ent ;
Je di c’on n’a céenz que fère
De vous ne de vostre repère[1] ;
Alez vous aillors porchacier.
240On vous a doné à mengier
En cest ostel .XII. anz ou plus ;
Mès fetes tost, si levez sus ;
Si vous porchaciez où que soit.
Que fère l’estuet orendroit. »
245Li pères l’ot ; durement pleure;
Sovent maudit le jor et l’eure
Qu’il a tant au siècle vescu :
« Ha ! biaus douz filz, que me dis-tu ?
Por Dieu, itant d’onor me porte
250Que ci me lesses à ta porte.
Je me girrai en poi de leu ;
Je ne te quier nis point de feu,
Ne coute-pointe, ne tapis ;
Mès la fors souz cel apentis
255Me fai baillier .I. pou d’estrain.
Onques por mengier de ton pain

  1. 238 — repaire, lisez repere.