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avant-propos.

d’une aventure réelle ou possible, même avec des exagérations, qui se passe dans les données de la vie humaine moyenne. Tout ce qui est invraisemblable, tout ce qui est historique, tout ce qui est pieux, tout ce qui est d’enseignement, tout ce qui est de fantaisie romanesque, tout ce qui est lyrique ou même poétique, n’est à aucun titre un Fabliau, et par suite ce Recueil se trouvera ne pas réimprimer plus d’un tiers, peut-être une moitié de ceux qui l’ont précédé. Un Fabliau est le récit d’une aventure toute particulière et ordinaire ; c’est une situation, et une seule à la fois, mise en œuvre dans une narration plutôt terre à terre et railleuse qu’élégante ou sentimentale. Les délicatesses de la forme ou du fonds tournent vite soit aux élégances de la poésie, soit aux hauteurs du drame tragique ; le Fabliau reste au-dessous. Il est plus naturel, bourgeois si l’on veut, mais il est foncièrement comique, souvent, par malheur, jusqu’à la grossièreté. C’est enfin, et à l’état comme individuel, c’est-à-dire relativement court, sans former de suite ni de série, un conte en vers, plus long qu’un conte en prose, mais qui n’arrive jamais à être ni un roman ni un poëme.

On voit par là le cadre dans lequel notre tâche d’éditeur doit se restreindre. Nous avons à donner tous les vrais Fabliaux qui ont déjà été imprimés une ou plusieurs fois, et y ajouter, autant que nous