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fabliau vi

320« Anieuse, fet-il, ma suer,
Tu es el paradis Bertran ;
Or pués-tu chanter de Tristran[1],
Ou de plus longue, se tu sez ;
Se je fusse autressi versez,
325Tu me tenisses jà moult cort. »
Atant vers les braies s’en cort,
Si les prist, et si les chauça ;
Vers sa fame se radreça,
Qui en la corbeille ert versée.
330Malement l’éust confessée,
Ne fust Symons qui li escrie :
« Fui toi, musart, n’en tue mie ;
Bien voi que tu es au desus.
Anieuse, veus-en tu plus ?
335Fet Symons, qui la va gabant ;
Bien a abatu ton beubant
Sire Hains par ceste meslée.
Seras-tu mès si emparlée
Com tu as esté jusqu’à ore ?
340— Sire, foi que doi S. Grigoire,
Fet cele, ne fusse hui lassée,
Se je ne fusse ci versée ;
Mès or vous proi par amistez,
Biaus sire, que vous m’en getez. »
345Fet Symons : « Ainz qu’isses issi,
Fianceras orendroit ci
Que tu jamès ne mesferas[2],
Et que en la merci seras
Sire Hain[3], à toz les jors mès,

  1. 322 — Allusion à « Tristan et Yseult ».
  2. 347 — mefferas, lisez mesferas.
  3. 238 et 349 — Hains, lisez Hain.