Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/150

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fabliau viii

Ainz qu’il fussent desrengié tuit,
La dame apèle sa mesnie,
Si parole come enseignie ;
145.II. neveus au seignor i ot,
Et .I. garz qui éve aportoit,
Et chamberières i ot .III. ;
Si i fu la nièce au borgois,
.II. pautoniers et .I. ribaut.
150« Seignor, fet-el, se Diex vous saut,
Entendez ore ma reson :
Vous avez en ceste meson
Véu céenz un clerc venir.
Qui ne me lest en pès garir :
155Requise m’a d’amors lonc tens ;
Je l’en ai fet .XXX. desfens[1] ;
Quant je vi que je n’i garroie.
Je li promis que je feroie
Tout son plésir et tout son gré
160Quant mon seignor seroit erré.
Or est errez[2], Diex le conduie.
Et cil, qui chascun jor m’anuie.
Ai moult bien couvenant tenu.
Or est à son terme venu,
165Là sus m’atent en ce perrin.
Je vous donrai du meillor vin
Qui soit céenz une galoie,
Par couvant que vengie en soie :
En ce solier à lui alez.
170Et de bastons bien le batez.
Encontre terre et en estant.

  1. 156 — deffens, lisez desfens.
  2. 161 — * errez ; ms., errer.

    Nous trouvons une aventure analogue dans les Convivales sermones, dans les Facetiæ du Pogge, dans Domenichi, dans Malespini (nouv. 21), dans les Cent Nouvelles nouvelles de la cour de Bourgogne (nouv. 88). Bandello (nouv. 25), Boccace (Journ. VII, nouv. 7) et enfin La Fontaine, dans son « Cocu battu et content », ont imité, avec d’autres encore, ce fabliau bien connu. — Cf. les renvois du Pogge, éd. Noël, 1798, in-16, II, 9-11.