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fabliau xiii

Mon roncin maigre et escillié.
Et le vostres fètes si preu ;
Mais nous saurons de si à peu
145Liquels sera miez alosez,
Se le vostre esprover volez.
Metons[1] les roncins keue à keue,
Et si soit qui bien les aneue,
Et se li nostres puet tant fère
150Qu’il puist le vostre à force trère
Dusques là sus à cele grange,
Perdu l’avez sans nule eschange ;
Et, se li vostres est tant fors.
Qu’il puist le nostre trère fors
155De cele porte seulement,
Mener l’en poez cuitement ;
Ainsi doit-on prover sa beste. »
Ce dist li vilains : « Par ma teste,
Marchéant avez encontre ;
160Ainsi vueil-je qu’il soit graé,
Et si vueil[2] que tout maintenant
Soient tenu li couvenant[3].
— Je l’otroi bien, » fet li convers.
Le sien a par la keue aers.
165Qu’il avoit moult et mate et souple,
Andeux ensamble les acouple,
Puis fut chascuns devers le suen ;
Si ot verge tout à son buen,
Dont granz cops lor donnent et rendent.
170Et li roncin tirent et tendent
Com cil qui ne s’osèrent faindre ;

  1. 147 — mettons, lisez metons.
  2. 161 — veuil, lisez vueil.
  3. 162 — convenant, lisez couvenant.