Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/193

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l’enfant remis au soleil

80Vous conduie, et mon fils ramaint,
Et doinst la bone destinée. »
A tant fu la reson finée,
Et li preudom matin se liève,
Cui ses afères point ne griève,
85Quar sa chose li vient à point.
Mais la dame n’abelist point
Ce qu’ele en voit son fil aler,
Que de li part sanz retorner.
Et li preudon o lui l’en guie
90Tout le chemin lèz Lombardie.
Ne conterai pas lor jornées,
Que tantes terres ont passées,
Qu’à Genes droit s’en sont venu ;
A .I. ostel sont descendu.
95Li preudon [l’]a changié à graine[1][2]
A .I. marchéant qui l’enmaine
En Alixandre[3] por revendre.
Et cil, tantost sans plus atendre,
Qui le fil sa fame vendi,
100A son autre afère entendi ;
Lors repéra en sa contrée,
Et tante terre a trespassée
Qu’à son ostel vint et descent ;
Mès ne le vous diroient cent
105Le duel que la Dame demaine
De son fil que pas ne ramaine.
Sovent se pasme, ainsi avint,
Et, quant de pasmoison revint,
En plorant li requiert et prie,

  1. Vers 95 — « Agraine » peut être le nom de l’enfant ; mais on pourrait aussi lire : à graine (contre du blé). Seulement il faudrait ajouter un pronom au vers, et proposer comme lecture : Li preudon l’a changié à graine.
  2. 165, 16, a changié Agraine, corrigez [l’] a changié à graine.
  3. 97 — « Alixandre », « Alexandrie » (en Égypte).