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des .iii. dames et de l’anel

20Qui assez furent bons et biaus ;
Del vin dona à son mari ;
Il en but tant, je le vous di,
Qu’il ne savoit où il estoit ;
Acoustumé pas ne l’avoit.
25Quant li preudom fu endormi,
Entre la dame et son ami
L’ont pris et rez et l’ont tondu
Et coroné ; tant ot béu
Que l’en le péust escorcier.
30La dame et son douz ami chier
Le prenent, et si l’ont porté
Droit devant la porte à l’abé,
Dont il erent assez prochain.
Iluec jut jusqu’à lendemain
35Que Dame Diex dona le jor ;
Il s’esveilla, si ot paor,
Quant il se vit si atorné ;
« Diex ! dist-il, qui m’a coroné
Est-ce donc par vostre voloir ?
35Oïl, ce puet-on bien savoir,
Que nus fors vous ne le m’a fait ;
Or n’i a donc point de deshait,
Vous volez que je soie moine,
Et jel serai sanz nule essoine. »
40Maintenant sor ses piez se drèce ;
Grant oirre, que ne s’aperèce.
Vient à la porte, si apèle.
Li abes ert à la chapèle,
Qui maintenant l’a entendu ;