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le chevalier confesseur

260Tu préis abit d’ermitier
Por moi prover à desloial !
Mès, merci Dieu, je sui loial.
Je n’ai voisine ne voisin
Por qui je port le chief enclin[1] ;
265Je ne te criem, la merci Dé,
Quar, se[2] seusses la vérité,
Toute ma honte lost fust seue,
Quar m’en estoie apercéue.
Quant je vous en enquis sordois
270Tout ce que dis par mon gabois ;
Moult me poise, par saint Symon,
Que ne vous pris au chaperon,
Ne que ne vous deschirai tout.
Sachiez de voir, pas ne vous dout
275De rien que onques vous déisse ;
Se Dame Diex mon cors garisse,
Bien vous reconnui au parler.
Je ne vous doi jamès amer ;
Non ferai-je, se Diex me gart.
280Mauvès trahïtre de male art,
Jà ne vous ert mes pardoné. »
Tant li a dit, et tant conté,
Que li osta tout son espoir,
Et bien cuida que déist voir.
285Granz risées et granz gabois
En féirent en Bescinois.

Explicit du Chevalier qui fist sa Fame confesse.

  1. 264-273 — Le ms. est déchiré au commencement de chacun de ces vers.
  2. 266 — Quar ; se ; lisez Quar, se.

    Imité par Boccace (journ. VII, nouv. 5), Bandello, Malespini (nouv. 92), Doni, les Cent Nouvelles nouvelles (nouv. 78), et enfin par La Fontaine, sous le nom du « Mari confesseur ».