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gombert et les .ii. clers

Mès, ainz que de ci me départe.
Te dirai jà grande merveille. »
A tant sire Gombers s’esveille ;
145Esraument s’est apercéuz[1]
Qu’il est trahis[2] et déçeuz
Par les clers et par lor engiens.
« Or, me di, dist[3]-il, d’ont tu viens ?
— D’ont ? dist-il , si noma tout outre,
150Par le cul bieu, je vieng de foutre.
Mès que ce fu la fille l’oste ;
Pris en ai devant et encoste ;
Aforé li ai son tonnel[4],
Et se li ai donné l’anel
155De la paelete de fer.
— Ha ! ce soit de par cels d’enfer,
Fet-il, à cens et à milliers. »
A tant l’aert par les illiers ;
Si le fiert du poing lez l’oie,
160Et cil li rent une joïe
Que tuit li œil[5] li estincelent.
Si durement s’entrefiaelent
Entre els, qu’en diroie-je el,
C’on les péust en .I. tinel
165Porter tout contreval la vile.
« Sire Gombert, dist dame Guile,
Levez tost sus, quar il me samble
Que no clers sont meslé ensamble ;
Je ne sai qu’ils ont à partir.
170— Dame, j’es irai départir. »
Lors s’en vint li clers cele part ;

  1. 145 — B, Si est taniost aperceüs.
  2. 146 — trahis. B, souspris.
  3. 148 — dist. B, fait.
  4. 153 — tonel, lisez tonnel.
  5. 161 — Que tuit li oeil. B, C’andoi li oel.

    Ce fabliau, qui a trois versions différentes, se retrouve dans Chaucer (The Reeves tale, 1843, p. 30-33), dans Boccace (journ. IX, nouv. 6), dans les Cent Nouvelles nouvelles, dans le Parangon des nouvelles (nouv. 30), et dans La Fontaine, sous le titre du « Berceau ».

    Les deux autres versions se trouvent dans le ms. de Berne, no 354 : l’une porte le titre « d’Estula et de l’anel de la paelle » ; l’autre, « le Meunier et les deux Clers », a été publiée par M. Wright (Anecdota literaria, 1844, 15-23), avec plusieurs versions anglaises.