Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/353

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de l’aveine pour morel

200Et s’esforce plus qu’il ne seut ;
Et cele n’est point esbahie
De dire : « Ne m’obliez mie. »
Et en mangant[1] et en bevant,
Li va tout adès requérant
205Que doint sa provande à Morel ;
Dou tarder ne li est point bel.
Et cilz l’en donne se qu’il peut,
Mais mains assés que il ne seut, .
Car ou mont n’a grenier si grant
210Que Moriax ne meist à noiant.
Appetisiez est li greniers,
Dont Moriax a esté rantiers ;
Et cils, qui la clef emportoit,
S’aparçoit bien que vuis estoit ;
215Se ne set coment desamordre
La rien à c’on le veut ramordre,
Car fort chose est d’acoustumance.
Or est cil dou tout en balance,
Mais ne s’esmaie point le jour,
220Car il s’en va en son labour ;
Mais, quant se vient à l’anuitier
Et on le haste de couchier,
Avant qu’il se puist endormir,
En veut celé avoir son plaisir ;
225Moult demande à bonne estrainne ;
« Moriax veut avoir de l’avainne. » .
Cilz l’en donne à quelque meschief.
Mais bien set pou en i eschiet
Selonc sa première coustume ;

  1. 203 — mangeant, lisez mangant.