Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/39

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des deux bordéors

Que plus de mil nomer en sai.
Ge sai bien servir un prudome,
Et de beau[1] diz toute la some ;
285Ge sai contes, ge sai flabeax ;
Ge sai conter beax diz noveax,
Rotruenges viez et noveles,
Et sirventois et pastoreles.
Ge sai le flabel du Denier[2],
290Et du Fouteor à loier,
Et de Gobert et de dame Erme,
Qui ainz des elz[3] ne plora lerme,
Et si sai de la Coille noire ;
Si sai de Parceval Testoire,
295Et si sai du Provoire taint
Qui o les crucefiz fu painz ;
Du Prestre qui menja les meures
Quant il devoit dire ses heures ;
Si sai Richalt, si sai Renart,
300Et si sai tant d’enging et d’art.
Ge sai joer des baasteax
Et si sai joer des costeax,
Et de la corde et de la fonde,
Et de toz les beax giex du monde.
305Ge sai bien chanter à devise
Du roi Pepin de S. Denise[4] ;
Des Loherans tote l’estoire
Sai-ge par sens et par memoire ;
De Charlemaine et de Roulant
310Et d’Olivier le conbatant.
Ge sai d’Ogier, ge sai d’Aimmoin

  1. 284 — * beax ; ms., beau.
  2. 289-298 — Tous les fabliaux dont parle ici notre trouvère sont connus ; celui de « Dame Erme », qu’on ne connaît pas sous ce nom, n’est autre que « le Villain de Bailleul ».
  3. 292 — els, lisez elz.
  4. 306-319 — Les chansons de geste et les héros d’épopée que cite notre auteur sont dans la mémoire de tous : Berthe aux grands pieds, les Loherains, la Chanson de Roland et autres poëmes du cycle carolingien ; Ogier le Danois, les Quatre Fils Aymon, le Couronnement Looïs, Beuve de Comarchis, Foulques de Candie, le Moniage Rainouart, etc.