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fabliau ii

Moult sera riches tes loiers ;
.XXX. livres de bons deniers
Te donrai, quant tu l’auras fet. »
Quant li portères ot tel plet,
145Fiancié li a volentiers,
Quar il covoitoit les deniers,
Et s’estoit auques entestez ;
Le grant cors monta les degrez.
La dame ouvri l’un des escrins :
150« Amis, ne soiez esbahis,
Cest mort en l’eve me portez,
Si m’aurez moult servi à grez. »
.I. sac li baille, et cil le prant ;
Le boçu bouta enz errant.
155Puis si l’a à son col levé ;
Si a les degrez avalé ;
À la rivière vint corant ;
Tout droit sor le grant pont devant,
En l’eve geta le boçu ;
160Onques n’i a plus atendu,
Ainz retorna vers la meson.
La dame a ataint du leson
L’un des boçus à moult grant paine ;
À poi ne li failli l’alaine ;
165Moult fu au lever traveillie ;
Puis s’en est .I. pou esloingnie.
Cil revint arrier[1] eslessiez ;
« Dame, dist-il, or me paiez ;
Du nain vous ai bien délivrée.
170— Por quoi m’avez-vous or gabée,

  1. 167 — arrière, lisez arrier.