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la houce partie

Fiancer le puis de ma main,
Ou il ora congiet demain. »
45Ensi sa femme li a dit,
Et li varlès sans contredit
Ce dit qu’il fera son voloir,
Cis qui du tout en noncaloir
Pour sa femme a son père mis,
50Qui pour lui s’iert du tout demis.
Au main li coumencha à dire
Chose qu’il déust escondire :
« Biaus pères, vous aves esté
moi maint iver, maint esté ;
55Onques ne vous entremesistes
De riens nule qui eust merites
Painne sans plus, fors que d’estre ivre.
Vous n’avés plus mestier de vivre ;
Celés vous ent en un renclus,
60Et sachiés que jou ne vel plus
Que vous soiés en ma maison,
Car en vous n’a sens[1] ne raison, »
Quant li prodom l’a entendu,
Mout fu dolans et confondu,
65Plains de grant maltalent et d’ire,
Car il ne puet un seul mot dire.
Longement ala demourant ;
Après se li dist en plourant
« Biaus fieus », dist-il, « je te nourri
70Et saciés c’onques jour mari
Ne vous fis pour que je péusse
Et sachiés que je vous péusse

  1. 62 — * n’a sens ; ms., n’a ne sens.