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fabliau lxxii

S’il y a mot qui bien le vaille.
20De longue rime ne me chaille,
Mais briément, sanz prologue faire,
Vous veul dire et conter l’afaire
De ces .III. dames Chanoinesses.[1]
D’amor aprises et maistresses,
25L’art sorent tout et le mestier
De quanqu’en amer a mestier ;
Tant l’avoient lonc temps usé
C’en tenoit ja pour refusé
Leur cors et leur[2] biautez usées,
30S’erent ainssi que refusées.
Et non pourquant mout[3] erent cointes
Et jolies, et biaus acointes
Orent racointiez de nouvel ;
Ce les tenoit en grant revel
35Et faisoit en amour penser.
Or vous voudrai avant passer
Et dire toute l’aventure
D’eles et la verité pure,
Selonc ma vraie entencion.
40Vigille iert d’une Assencion
Que chascuns doit joie mener,
Et Dieus, qui me volt amener
A droit port, si bien m’asena
Qu’à l’eglyse droit m’amena.
45Si fui à bonne destinée
Tant que grant messe fu finée
Et touz li mestiers Dieu finez.
Je, qui pas n’estoie avinez

  1. 23 — M. Scheler, tout en constatant qu’à Cologne il a existé un canonicat de dames, ne veut voir ici qu’une fiction du poëte.
  2. 29 — leurs, lisez leur.
  3. 31 — * mout ; ms., mont.