Seroies tu nient Raniquès[1] ?
— Non voir, dame, mais Watriquès
Sui nommez jusqu’en Areblois[2],
Menestrel au Conte de Blois[3]
Et si à monseignor Gauchier[4]
De Chastillon. — Tant t’ai plus chier, »
Dist li une ; « par saint Niquaise,
Avec moi disneras tout aise,
Car toutes aprestées sommes
De servir ceuls dont tu te nommes ;
Si t’en verrai plus volentiers.
Mes ostieus est tiens touz entiers
Et quanque j’ai, de ce me vant.
Or me sui et g’irai devant :
Nous n’i serons qu’entre[5] nous trois
Compaignes ; li lieus est estrois :
En secré nous voulon[6] baignier ;
Plus n’en i voil acompaignier ;
Là nous diras de tes bons mos.
Vien i, si voir que parler m’os,
Tu seras aise à volenté :
On m’a dès ersoir présenté
.II. chisnes cras et .III. chapons. »
Et je, sanz[7] faire autre respons,
Volentiers et de clere vois
Dis : « Dame, granz merciz. G’i[8] vois ;
Je ne m’en doi faire prier ;
Je vous sivrai sanz detrier. »
Atant entrai dans la maison
Où ja iert du mengier saison ;
- ↑ 79 — Il faut voir dans le nom Raniquet une confusion de prononciation : les chanoinesses croient connaître le poëte, et ne se rappellent que confusément son nom, qu’elles estropient ; elles font ainsi Raniquet de Watriquet.
- ↑ 81 — Ne s’agit-il pas ici du château d’Arabloy, près de Gien, dont M. Pillon a écrit l’histoire dans les Mémoires de la Société archéologique de l’Orléanais, IV, 199-204 ?
- ↑ 82 — Ce comte de Blois est Gui de Blois.
- ↑ 83 — Dans le ms., ce vers est ainsi écrit : Et monseignor mesire Gauchier. Il s’agit du connétable.
- ↑ 93 — * qu’entre ; ms., que tre.
- ↑ 95 — voulons, lisez voulon.
- ↑ 102 — sans, lisez sanz.
- ↑ 104 — J’i, lisez G’i.