Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome III.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
394
169
du vilain mire

Merci, sire, » dist le vilain ;
« Je sui vostre hom et soir et main[1],
Et serai tant con je vivrai[2]
Ne ja ne m’en repentirai. »
385Du roi se parti, congié prent,
A son ostel vint liement ;
Riches mananz ainz ne fu plus :
A son ostel en est venus,
Ne plus n’ala à la charrue,[3]
390Ne onques plus ne fu batue[4]
Sa fame, ainz l’ama et chieri.
Ainsi ala con[5] je vous di :
Par sa fame et par sa voisdie
Fu bons mires et[6] sanz clergie.

Explicit du Vilain Mire.

  1. 382 — B, hom (à adopter) de mes .II. mains.
  2. 383-388 — Remplacés dans B :

    Tot à vostre conmandement. »
    De la sale ist, il et sa gent,
    Puis est à son ostel venu,
    Riche et manant ainz plus ne fu.

  3. 389 — B, N’onques plus n’ala à charue.
  4. 390 — B, Ne puis ne fu par lui.
  5. 392 — con. B, o.
  6. 394 — A, Fu bons mestres et. B, Fu il bons mire.

    Ce fabliau, dont Molière dans son Médecin malgré lui a imité la première partie, qu’il avait sans doute empruntée à une farce italienne, Arlecchino medico volante, se retrouve dans la 10e et la 30e serée de Bouchet. La première partie existe dans la littérature populaire de la Russie, sans doute venant de notre fabliau (Cf. Hist. litt., XXIII, 197), et tout dernièrement le journal le Figaro (27 mai 1877) rééditait une version de ce pays. Le Pogge, dans ses Facéties, a fait revivre la seconde partie de l’histoire, celle où le médecin guérit les malades par la peur.