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fabliau lx

En son doi l’a mis sanz atendre ;
Le membre li commence à tendre,
Quant il li ot un poi esté.
20Et vos l’evesque remonté ;
A molt très grant mesese estoit
Du membre qui si li tendoit,
Ne n’aloit pas sans plus tendant,
Ençois aloit tozjors croissant.
25Tant crut et va tant aloignant,
Que ses braies vont derompant.
Li evesques honteusement
Montre s’aventure à sa gent ;
Mès nul n’i ot qui s’avertist
30Que ce li anel li feïst.
Tant crut que li traîne à terre :
Par conseil comanda à querre
Home ou fame qui li aidast,
Et qui à point le ramenast.
35Cil qui l’anel avoit perdu,
Geste merveille a entendu.
A l’evesque est venuz tot droit ;
Si demanda qui li donroit
Du sien si le poeit garir.
40Cil, qui avoit trop à soufrir,
Li dist : « Tot à vostre talent.
— J’aurai dont », fait il, « par covent.
Vos .II. aneaus tout au premiers[1],
Et cent livres de vos deniers. »
45Quant les aneaus furent fors très,
Li membres est tantost retrès ;

  1. LX. — De l’Anel, p. 51.

    Publié par Barbazan, III, 123, et par Méon, III, 437-438.


    Vers 43 — * premiers ; ms., premier.


    Ce fabliau, dont Legrand d’Aussy parle (IV, 309) sans en donner ni analyse ni extrait, a été imité par Vergier (Contes, I, 229), sous le nom d’« Anneau de Merlin ». (Cf. Fauchet, Œuvres, 1610, fol. 584.) Nous le retrouvons aussi, mais beaucoup allongé, dans le recueil (Conte 32e, p. 51) intitulé : « Rousskia zavietnia skazki » (Contes secrets russes), qui, croyons-nous, n’a pas encore été signalé. Ce recueil forme un petit volume in-8o de vii-199 pages, imprimé sans lieu (Valaam ?) ni date (sans doute en Allemagne, dans ces dernières années. Nous en avons eu connaissance grâce à M. Aug. Teste, qui l’a traduit et qui se propose de le publier, si toutefois la crudité des expressions n’y met obstacle.

    Nous avons retrouvé dans ces Contes plusieurs histoires parures dans nos deux premiers volumes, et dont nous donnons ici la liste avec renvois aux pages de notre édition et du recueil. C’est d’abord la Borgoise d’Orliens (I, 117 ; II, 291), que nous revoyons dans le Conte 77e (p. 198) ; Brunain, la vache au prestre (I, 132 ; II, 293), n’est autre que le Conte 49e (p. 109) ; et le Debat du C. et du C. (II, 133, 322) est un peu écourté dans le Conte 9e (p. 10). Nous signalerons désormais, en les rencontrant, les ressemblances des contes russes et de nos fabliaux.