Page:Montaigne - Essais, Didot, 1907, tome 3.djvu/114

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l’amitié, les obligations princes, sa parolle, et la parenté, pour le bien commun, et obéissance du magistrat : c’est assez vrayement pour nous en excuser, que c’est vne grandeur, qui ne peut loger en la grandeur du courage d’Epaminondas.I’abomine les exhortemens enragez, de cette autre ame desreglee,

Dum tela micant, non vos pietatis imago
Vlla, nec aduersa conspecti fronle parentes
Commoueant, vultus gladio turbate verendos.

Ostons aux meschants naturels, et sanguinaires, et traistrès, ce prétexte de raison : laissons là cette iustice énorme, et hors de soy : et nous tenons aux plus humaines imitations. Combien peut le temps et l’exemple ? En vne rencontre de la guerre ciuile contre Cinna, vn soldat de Pompeius, ayant tué sans y penser son frere, qui estoit au party contraire, se tua sur le champ soy-mesme, de honte et de regret. Et quelques années après, en vne autre guerre ciuile de ce mesme peuple, vn soldat, pour auoir tué son frère, demanda recompense à ses capitaines.On argumente mal l’honneur et la beauté d’vne action, par son vtilité : et conclud-on mal, d’estimer que chacun y soit obligé, et qu’elle soit honeste à chacun, si elle est vtile.

Omnia non pariter rerum sunt omnibus apta.

Choisissons la plus nécessaire et plus vtile de l’humaine société, ce sera le mariage. Si est-ce que le conseil des saincts, trouue le contraire party plus honeste, et en exclut la plus vénérable vacation des hommes : comme nous assignons au haras, les bestes qui sont de moindre estime.

CHAPITRE II.

Du repentir.


Les autres forment l’homme, ie le recite : et en représente vn particulier, bien mal formé : et lequel si i’auoy à façonner de nou-