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SUR MONTAIGNE.

maîtres, avoue qu’en sortant de leur classe, à l’âge de treize ans, il n’en savait guère plus que ce qu’il avait appris par les soins et l’affection de son bon père : c’est toujours le nom qu’il lui donne.

Par obéissance, il consacra quelques années de sa jeunesse à l’étude du droit. Mais il venait de parcourir les champs fleuris de la littérature ancienne, et son esprit, ennemi de toute contrainte, ne put souffrir longtemps la sécheresse monotone du texte et des gloses. Il fut pourvu cependant d’une charge de conseiller au parlement de Bordeaux, vers 1554, et jouit comme magistrat de la plus haute estime. Au bout de quelques années, il renonça à des fonctions trop peu d’accord avec ses goûts : car il voulait vivre, non selon les temps, selon les hommes, selon les affaires, mais selon lui ; et désormais il s’appliqua, dans la retraite, à la littérature et à la philosophie.

Pendant sa courte magistrature, Montaigne s’était lié avec Pibrac, Paul de Foix et le chancelier de l’Hospital. Mais l’intimité qu’il y eut entre lui et Étienne de la Boétie y remplit plus particulièrement son cœur : ce sentiment se trouve exprimé en termes des plus touchants, dans plusieurs chapitres des Essais[1].

À trente-trois ans, Montaigne épousa Françoise de la

  1. Voir le chapitre xvii de la présente édition, et la lettre de Montaigne à son père, à la suite des Essais.